Scène 1 : Négociations

La voix claire et légèrement persiflante du Shogo Vizry s'élève en écho dans l'immense salle de réunion du Palais flottant de Sikeo :
- Comment osez-vous parler ainsi à la Kashi ! Je devrais vous fair...
- Allons, allons, Messieurs ! Calmons nous, je vous en prie... Coupe la voix du Vice-Sénateur d'Aldeeran Valin Fost : Le...Représentant Sino n'avait aucune intention de froisser sa Grandeur, n'est-ce pas ?...
Le regard du vieux Vice-Sénateur se pose sur l'immense Jaal aux faux Lekkus bleus et roses avec insistance. Celui-ci ne répond rien, et c'est finalement une voix féminine au bout de la table où siège un trône qui s'élève :
- Cela suffit, Vizry. Sino, parlez librement.

Si le visage d'un Jaal pouvait s'empourprer, celui du "Prince" Vizry l'aurait fait. Il baisse la tête humblement, et laisse le représentant du PSJ (Parti Sécessionniste Jaal) sourire et élever une voix aux accents rusés en observant la Reine Luwa'na sans aucune observation des convenances, bougeant les bras avec emphase :
- Je vous remercie humblement, votre Majesté. Je le répète : nos revendications sont tout à fait légitimes. Depuis des années maintenant, L'aristocratie qui noyaute la Royauté a exploité le peuple de Jaal pour tirer le maximum de profits de cet esclavagisme que vous et votre lignée avaient accepté. Nous ne demandons donc maintenant que ce qui nous revient : être enfin reconnus à notre juste valeur.

Vizry et d'autres autour de la table s'agitent, une rumeur monte dans l'assemblée, mais un geste de la main gracile de la Reine des Jaal y met fin.
- Continuez.

Tandis que cette scène de négociation houleuse se déroule sous tes yeux, tu te demandes l'espace de quelques secondes comment vous êtes arrivés ici, toi et ton Maître, à assurer la protection du Vice-Sénateur Fost et être les gardiens de la paix pendant ces tractations entre la Royauté de Jaal et les représentants du groupe de sécession qui a vu le jour sur la planète il y a quelques années.

Ton regard croise alors celui du Gardien Jinu et sa jeune disciple Ishta'o, qui t'adresse un large sourire en te fixant de ses yeux serpentiformes orangés assortis à la teinte brune de sa peau tachetée de noir.

Tu sens alors le regard de Maître Hargonnen peser sur toi, et tu sais ce qu'il pense du flirt auquel se livre la disciple du Gardien des Temples.

Ton esprit se vide et se concentre sur la situation présente. Le Palais flottant est une forteresse sécurisée, et maintenant des renforts de ton unité Sigma, dirigée par Ace, ont rejoint les gardes surentraînés de la garde rapprochée de la Reine.

Entre ces forces et les représentants des gardiens des Temples, les rebelles du mouvement sécessionnistes savent qu'ils n'ont aucune chance, et votre présence te semble de plus en plus inutile tandis que tu observes le Vice-sénateur d'Alderaan assurer le rôle que le célèbre Bail Organa n'avait pu assurer aujourd'hui.

Mais malgré toute cette sécurité et l'enceinte de cette place forte, tu sens que les négociations vont aboutir à une impasse. Tu l'as déjà vu. Sur Jabiim. Des flash te reviennent. Ton frère. Ton père. Ta lignée entière, massacrée.

La voix basse et calme de ton Maître s'élève derrière toi, mais tu peux sentir le poids de sa réprobation dans son ton :
- Maîtrises tes émotions, Liran. Ce n'est ni le moment, ni l'endroit. Concentres toi sur l'instant présent.

Tu finis par rejoindre à nouveau la conversation, devenue plus houleuse tandis que la Reine commence à être sur la défensive :
- Vos accusations sont fondées. Et je vous prie de croire que contrairement à mon Père, je ne désire rien de mieux qu'établir un pont entre la Royauté et le peuple. Mais vous devez comprendre, représentant Sino, que cela prendra malheureusement du temps. Comme je l'ai dit : je ne suis pas mon Père. Et je ne tiens pas à réinstaurer une Oligarchie Impériale. Ma voix sera celle de la clémence et de la diplomatie, pas celle de la tyrannie, d'un côté ou de l'autre de cette barrière invisible à laquelle vous semblez tant tenir...

Le silence se fait, mais une autre rumeur, plus discrète, demeure en fond. La grogne de l'aristocratie. La Reine est en train de se faire autant d'ennemis de son côté que de celui des rebelles. Elle est en train de mettre un coup de pied dans son propre nid, et les réactions de surprise te montrent qu'ils n'avaient pas prévu cette éventualité. Ils comptaient probablement que la Reine fasse abattre ce "terroriste" du peuple de Jaal et son mouvement. Mais en Reine sage et politicienne habile, elle tente de ménager le Bantha et le fourrage pour tenter l'exploit de réunir sa nation sous les couleurs d'une royauté nettoyée de la corruption. Tout un programme. Mais qui ne semble être au goût de personne :
- Votre Majesté, avec tout le respect qui vous ait dû...Je pense parler au nom de toute votre assemblée et de mon mouvement lorsque je vous dis que vos intentions sont louables, mais nous savons tous qu'elles sont vouées à l'échec...A moins de faire abdiquer presque tous les régents...

Le tollé s'élève. Les bras s'agitent et la violence contenue commence à se révéler même chez les plus calmes.

Un gong sonne alors. Profond. Plein du respect de cette culture très ancienne. Tout le monde se tait. La Reine se lève, sa longue robe rouge et dorée aux motifs complexes se soulevant comme si la gravité n'avait aucune prise sur elle. Ses yeux violets profonds scrutent l'assemblée. Les Jedis. Les Gardiens. Ses gardes. Les Soldats Clones. Sa cour. Et enfin les représentants désarmés de la faction dissidente. Le silence pesant suit le gong pendant de longues secondes, avant qu'elle ne finisse par annoncer :
- Les sangs sont trop échauffés. Cette session est temporairement ajournée pour la nuit. Vous êtes tous les bienvenus ici. Restaurez-vous ainsi que vos esprits, nous reprendrons demain aux premières lueurs de Mintaka...

Contre toute attente et malgré la stature menue de la Reine, tout le monde se lève dans l'ordre et le respect des convenances avant de se retirer vers la salle principale de réception.

Tandis que vous pénétrez dans l'immense salle circulaire ostentatoirement décorée, tu notes que les tables sont si richement fournies qu'elles arriveraient presque à faire pâlir les réceptions du Sénat de Coruscant. Maître Hargonnen te suit, et vous êtes rejoint par Jinu et Ishta'o  :
- Alors, vous ne pourrez pas dire que votre séjour sur Jaal aura été inintéressant..., annonce Jinu, un Jaal assez petit et "vieux", du moins pour le peu de stigmates que le temps semble vouloir infliger à cette race. Son sourire blanc fendu assorti à sa tunique immaculée aux motifs dorés et ses yeux bleus presque translucides semblent surtout s'adresser à ton Maître, qui répond avec un sourire égal :
- Nous n'en attendions pas moins. La Reine a pris une décision...Courageuse...
Pendant que les deux Maîtres discutent, Ishta'o t'observe silencieusement, mais tu peux sentir les sentiments qu'elle ne semble pas arriver à contenir totalement.

Décidant d'écouter ton Maître, une fois n'est pas coutume, tu te concentres un instant sur ton rôle de garde du corps. Le vieux Valin semble discuter avec certains des aristocrates. Le Shogo (Prince en langue Jaal) Vizry semble furieux et quitte la réception. La délégation des dissidents semble malgré le mépris ambiant vouloir profiter du banquet ainsi que du spectacle son et lumière qui vient de surgir d'une plateforme centrale qui s'élève avec un orchestre et des danseurs Jaals dans une représentation de leurs Arts si fins et délicats. Tu perçois alors intuitivement Ace qui te fait un hochement de tête en te montrant le chef des "rebelles" qui s'éclipse par une des entrées. Vous comprenant d'un regard (et même sans regard) tu comprends qu'il attend ton assentiment pour le faire suivre par un des membres de la Sigma.

Soudain, Jinu s'adresse à toi :
- Cher Padawan, que pensez-vous de toute cette situation ? ..., avant de changer soudain de sujet : Oh, j'y pense, mon apprentie m'a fait part de votre petite...Course amicale tout à l'heure, et du fait que vous semblez être un pilote émérite? Parlez moi donc des derniers modèles de Speeders de Coruscant, que valent-ils face aux modèles Corelliens actuels ?

Ah, oui. Tu en avais presque oublié les lubies technologiques du Vieux Maître de la Force que vous aviez déjà rencontré une fois. Ishta'o elle a un sourire gêné lorsque son Maître expose le fait qu'elle ait visiblement raconté votre petite course à ton arrivée. Elle baisse vaguement son regard noisette clair puis le dirige ailleurs comme pour faire semblant de ne pas suivre votre conversation.

Pourtant au-delà de toute cette réception. Au-delà de cette conversation mondaine et de cette soirée assez sympathique, un étrange sentiment te saisit. Une impression. Comme si un mal menaçait de frapper. Mais tu sais que depuis Jabiim, tes impressions sont souvent sujettes à cautions. Pourtant...

La tension de la négociation est presque charnelle. Elle se sent dans la posture du représentant du PSJ, dans l’agitation de la cour de la Kashi, dans le regard virevoltant d’un camps à l’autre du diplomate Valin Fost, tout autant que dans le calme apparent de la reine. Tous les ingrédients sont rassemblés pour que cette assemblée devienne un poudrière incontrôlable. La position de la Kashi est courageuse, mais je n’y vois que la création endémique d’ennemis supplémentaires.

Voilà pour quoi Maître Hargonnen et moi-même avons été dépêchés sur Jaal. La République soupçonne que le PSJ soit noyauté par les Séparatistes, et que la planète ne tombe dans les mauvaises mains. Évidemment, Vaminn Fost ne présente pas les choses de cette manière, mais je sais lire entre les lignes.

Je ne peux pourtant  pas m’empêcher de penser que toute cette conciliation est superfétatoire. Ce n’est pas l’avis de Maître Hargonnen, évidemment, et lorsque j’ai évoqué le sujet avec lui, il m’a comme à l’habitude demander de mesurer les plans dans les plans, pour mieux cerner les enjeux. Ils m’apparaissent pourtant très clairs. J’ai parfois du mal avec ces jeux de dupes auxquels se livrent les diplomates, ils m’apparaissent comme un chemin sinueux vers une issue inévitable: le conflit. Je sais qu’il me faut réprimer ces pensées, mais sans ces jeux diplomatiques peut-être que la situation aurait été différente sur Jabiim. Peut-être que mon père, mon frère seraient encore là…

L’image récurrente de mes cauchemars commence à se dessiner dans mon esprit

La réprobation est immédiate, Maître Hargonnen sait lire en moi comme dans un livre ouvert. Retour au réel.

Le gong qui retentit dans la pièce vient mettre un terme à la négociation qui parvenait à un point de non-retour. Habile manœuvre de la Kashi, mais qui apparaît aussi comme un terrible aveu d’incapacité à conclure un accord. Par réflexes, j’évalue la position des soldats de Sigma, conscient que le moment est délicat et qu’il nous faudra peut-être intervenir. Mais il n’en est rien. Peuple discipliné à la culture millénaire, les Jaalis se dirigent sans vraiment y avoir le cœur vers la salle de réception. Ce que je fais aussi en m’engageant dans leurs pas, suivi de Maître Hargonnen et du Gardien Jinu, sa disciple Ishta’o à mes côtés. J’évite le regard de cette dernière. Je peux sentir son esprit chercher à toucher le mien, mais je n’ai guère envie que Maître Hargonnen le perçoive aussi. Si notre petite escapade nocturne pouvait échapper à la perspicacité du Maître Jedi, ce serait toujours ça de gagner.

Cette fuite des attentions de la Jaali me permet de noter les départ précipités  de Sino et du Shogo Visry. Instinctivement, je sais qu’Ace  en a fait d’un même. D’un hochement de tête, je valide l’idée d’une filature de Sino, mais un autre geste discret de la main l’invite à en faire de même pour le Prince Jaali. Les propos de la Kashi de Jaal et le camouflet qu’il a subi pourrait lui donner des idées différentes sur la carrière de sa reine.
La trahison n’est pas le fait du camps ennemi, il l’est de son propre camps.
Un adage de Maître Hargonnen qui me revient en mémoire à cet instant.

Mes mains se croisent ensuite dans les manches de ma bure aux teintes ocres de Padawan. Sur le dos de celle de droite, le tatouage stylisé d’une étoile en feu.

* Chevauche l’étoile mourante *

La devise de l’unité Sigma. Inutile de préciser que Maître Hargonnen n’a pas vu cette marque de fidélité comme un acte à féliciter. Je peux encore entendre son sermon sur le fait que les Jedi ne doivent pas faire preuve d’attachement, et qu’ils sont des gardiens de la paix, pas des va-t-en-guerre aveuglés par les sirènes de l’exploit guerrier.

Je me demande parfois si je réussirai un jour à faire quelque chose qui le satisfasse…

Je m’émerveille à notre arrivée dans la salle de réception. L’agencement est superbe, et la vue sur les montagnes escarpées couvertes d’une jungle luxuriante à travers les baies vitrées est tout simplement époustouflante. La scène de spectacle vient enrichir un peu plus le somptueux de l’endroit. Les mouvements balancés des danseuses Jaalis me ramènent à la brève étreinte partagée hier soir avec Ishta’o, à la sensation de son corps contre le mien. Souvenir bien vite éteint par les propos de son maître, Jinu.

Apparemment, la disciple gardienne n’a pas su faire preuve de la même discrétion que moi au sujet de notre run d’hier soir. J’évite le regard de Maître Hargonnen, préférant m’attarder sur la première question du Gardien :

- Je dirai que la Kashi des Jaalis est sur un fil ténu. J’admire sa volonté de réunification de son peuple, et la vision moderniste qu’elle adopte de l’exercice de son pouvoir. Mais cela risque de lui coûter l’aliénation d’une partie de ses soutiens, sans pour autant convaincre Sino et le PSJ de la suivre sur la voie de la conciliation. C’est une posture courageuse, mais aussi… dangereuse.

Résonnance à mes derniers mots, la sensation d’un danger immédiat vient me frapper avec acuité. J’ouvre mon esprit aux alentours, pour élargir mes perceptions. Dans le même temps, je regarde brièvement Maître Hargonnen pour voir si lui aussi a perçu cette même sensation, et cherche ensuite Ace.

D'un signe de tête le Commandant Clone répond à tes ordres silencieux, et tu peux voir l'armure parsemée d'éclairs noirs du Capitaine d'escouade Blitz puis le casque décoré d'une tête de mort de Ghost -le dangereux spécialiste de l'infiltration de l'escouade- se diriger chacun d'un côté pour filer à la fois le leader du mouvement séparatiste et le Shogo Vizry.

Suite à ta courte tirade, Jinu ouvre la bouche pour te répondre tandis que tu te concentres sur cette étrange sensation, mais c'est alors que les lumières de la salle de réception s'éteignent. Une mélodie recherchée aux accents exotiques s'élève, et plusieurs projecteurs multicolores apparaissent et balaient une scène qui surgit du plancher de bois sombre aux dorures fines, suivies de sphères transparentes qui se mettent à léviter. Les projecteurs se fixent alors chacun sur une sphère, dévoilant à l'intérieur des artistes Jaali aux tatouages extravagants et colorés :
- Ah, ça commence !, annonce Jinu à voix basse alors qu'un amas de personnes s'agglutinent devant vous, perturbant totalement ta concentration déjà fragile. Tu sais pour être déjà venu étudier les coutumes Jaali avec le Maître et sa disciple, que ces sphères représentent leurs croyances en une sorte de "Force Vivante", divisée en autant d'éléments que ces sphères. A l'intérieur de chacune danseurs et danseuses exécutent les mouvements martiaux traditionnels extrêmement complexes de chaque école martiale élémentaire avec une grâce à faire pâlir une danseuse Twi'lek.

A défaut d'arriver à te concentrer sur tes perceptions plus lointaines, tu observes les réactions de ton Maître pour tenter de voir s'il a les mêmes. Mais celui-ci semble absorbé par le spectacle tandis qu'il sirote tranquillement un cocktail à base de Kilin, une plante Jaal extrêmement odorante, et très bonne...Du moins au palais des Jaali...Tu n'en as goûté qu'une fois, et c'était insupportablement trop amer. Mais tu sais que ton Maître, en bon diplomate et érudit, s'imprègne avec attention de toutes les formes des cultures qu'il fréquente pour mieux les comprendre, et continue de bambocher calmement en semblant réellement apprécier son verre :
- Oh, j'y pense, votre...Archéologue est bien arrivée il y a quelques jours pour examiner les ruines de l'ancien temple. Elle avait l'air, comment dire... Très enthousiaste, malgré mes injonctions répétées sur la situation...Comment s'appelle-t-elle déjà...Fanza ? Manza ?
- Stanza. Et oui, elle est...Toujours très enthousiaste, lorsqu'il s'agit de découvertes archéologiques. Elle vous a créé des ennuis ? C'est un peu une spécialité chez elle...
- Shika (je vois)...Non, c'est surtout pour elle et son équipe que je m'inquiète, elle n'est pas remontée depuis bientôt deux jours...
- Ne vous en faites pas. Elle s'en sortira. Elle s'en sort toujours...
Malgré que tu n'en ai pas encore la preuve, le ton passif-agressif presque imperceptible qu'emploie ton Maître pour parler de cette membre de l'Explorcorps que tu n'as jamais rencontré te laisse penser que leur relation a sûrement dépassé les limites autorisées par le Code. Ce qui en d'autres circonstances aurait pu te rendre fou de curiosité, si tu n'étais pas occupé à essayer de capter (trop) subtilement son attention. Visiblement le vieux Jinu l'a lui aussi compris, et change subtilement de sujet :
- Ocho, j'oubliais, comment se porte le vieux brigand ? Ou plutôt : le vieux brigand bien se porte-t-il ? finit Jinu avec un petit rire en imitant clairement à voix basse la voix de Maître Yoda.
Maître Hargonnen lui répond sur un ton affable tout en continuant d'admirer le spectacle, son verre à la main :
- Comme un Ishanga (arbres millénaires des forêt de Jaal, symbole de longévité et de vitalité), je le crains. Et à en juger par ses récents et nombreux voyages, je dirais que nous rejoindrons tous la Force avant lui, finit-il avec un léger rictus qui pourrait passer pour un sourire.
- Que les Éléments puissent vous donner raison, répond Jinu avec cette expression indéchiffrable qui le caractérise.

Un peu dépité par le manque de réaction de ton Maître ou ces platitudes, tu ne peux t'empêcher de te concentrer sur ta sensation fantôme. Tu tentes de t'ouvrir au monde qui t'entoure, malgré le talent moindre par rapport à ces deux Maîtres dans cet art. Mais s'il y a un danger, il semble trop fugace ou flou pour que tu en détermines l'origine, surtout dans cette foule compacte et ce déferlement d'émotions en tous genres que provoquent les passes d'armes extrêmement bien chorégraphiées des artistes Jaali qui sont maintenant montés au-dessus de leurs sphères et effectuent des acrobaties qui semblent presque impossibles pour des êtres non-sensibles à la Force, rendant la performance réellement remarquable, même pour un jeune Maître de l'Ataru tel que toi.

Soudain ton intuition est attirée par la silhouette d'Ace qui se découpe au fond de la salle. Ton oreillette bipe :
- Frzzzt...Commandant, Blitz a vu rentrer le chef des rebelles avec euh...Hum...Disons des rafraîchissements, si vous voyez c'que j'veux dire. Deux. Les gardes devant la porte ont fouillé tout l'monde, RAS. Pour le Shogo, RAS aussi, il est allé dans sa chambre, et il y est encore. Je fais revenir Blitz et G ? Apparemment y a pas de dange...
La communication est soudainement coupée. Tournant la tête, tu ne vois plus Ace. Il te semble entendre quelque chose au loin, mais impossible d'être sûr. Maître Hargonnen te regarde en haussant un sourcil circonspect et posant rapidement son verre sur un plateau s'avance pour t'accompagner, jusqu'à ce que ses yeux ne roulent tout à coup dans ses orbites et qu'il ne tombe rudement en arrière sur un Jaal en costume vert et or qui amortit légèrement sa chute. Des cris s'élèvent dans l'assistance, qui masqueraient presque la voix d'Ace qui hurle dans ton oreillette :
- Frzzzztttt....Code Rouge ! Je répète, Code Rouge ! Le chef rebelle vient de se faire assassiner !

Maître Jinu fend la foule, qui semble s'écarter presque instinctivement devant le vieux patriarche jusqu'à Maître Hagonnen, alors qu'un silence de mort ne s'installe, haché par les cris de soldats et la rumeur des invités qui commencent à s'affoler:
- Poussez-vous, allons, poussez-vous, dit-il en prenant rapidement le poul de ton maître puis en mettant la main sur son front en fermant les yeux. Lorsqu'il les ouvre, il t'observe avec un air sérieux mais rassurant tandis qu'Ishta'o inspecte ton Maître toujours inconscient de la tête au pied :
- Nous allons nous occuper de lui, jeune Liran, ne vous inquiétez pas ...Allez-y, quoi qu'il se passe ici, cela demande les talents d'un Jedi plus que les miens..., te dit-il comme s'il avait deviné l'appel que tu venais de recevoir, ce qui n'est pas très étonnant puisqu'il semble que ses dons pour les soins n'aient d'égals que ses dons pour la divination.

Tu vois que les soldats d'élites Jaali se sont déplacé rapidement pour établir un périmètre de sécurité dans la salle et probablement évacuer les lieux, et une partie de la garde se dirige dans le couloir que le chef des rebelles a emprunté quelques minutes auparavant.

Tu aperçois Valin qui tente de calmer les choses parmi les invités et notamment les membres du mouvement du leader rebelle, tout en te regardant l'air inquisiteur.

La situation va très clairement commencer à devenir très tendue, et ton Maître n'est pas avec toi, peut-être même mourant. Des visions du conflit de Jabiim commence à remonter, en même temps qu'une vague d'angoisse encore présente malgré tous tes efforts pour t'en débarrasser.

Il n'y a pas d'émotion, il y a la paix...

Mais malgré le mantra usé du Code, tu peux à nouveau sentir la guerre civile approcher. Son goût de sang et de cendre hantent encore ton palais. Et maintenant celui de Sikeo.

Au moment où j’essaie d’étendre mes perceptions afin de mieux cerner le sentiment de menace imminente que je ressens, le lancement du spectacle Jaali vient briser ma concentration. Légèrement frustré, je me rassure en me disant que Blitz et Ghost m’avertiront en cas de problème. Je reporte mon attention sur la munificence qui se dégage de la représentation mise en place par les artistes sur la scène. Quelques secondes me suffisent à détecter la symbolique de l’ensemble : La Force vivante. Une vision de la Force assez minoritaire, voire controversée, au Temple. Pourtant, cette conception moins philosophique me séduit bien plus que la vision traditionnelle de la Force unificatrice.

La prestation des artistes est particulièrement envoûtante, et réveille en moi les souvenirs du corps d’Ishtao contre le mien la veille. Je me morigène intérieurement, et reporte mon attention sur mon Maitre, autant pour voir s’il a perçu mes pensées que pour guetter ses réactions face au danger que j’ai pu ressentir. Sans réelle surprise, Zullaesé Hargonnen n’est pas du genre à laisser filtrer ses émotions et se présente comme un invité courtois, attentif aux hôtes qui le reçoivent. Je suis de loin la conversation autour du vieux Maître Yoda et des recherches archéologiques menée par cette Stanza, dont les liens avec Maître Hargonnen m’apparaissent soudain bien plus troubles. Un nouveau frisson, et la sensation d’un problème imminent revient me percuter. Je m’éloigne un peu et ferme brièvement les yeux pour une fois de plus tenter d’en localiser la source, mais le bruit, les sentiments multiples dans la pièce déclenchés par la prestation des artistes et tout simplement la concentration de personnes m’empêchent d’y parvenir.

Les informations données par Ace ne sont pas suffisantes pour apaiser la tension de plus en plus vive que je ressens. J’ai l’impression d’assister impuissant à un enchaînement d’évènements qui vont conduire à une catastrophe, sans parvenir à déterminer quels sera le facteur déclencheur. Et puis un pressentiment me frappe soudain. Le mot « rafraichissement » utilisé par Ace fait l’effet d’une révélation. Mon regard se tourne vers Maître Hargonnen.

- La boisson… dis-je tout bas.

Il est trop tard, la suite logique aboutit à son final. Sentant mon désarroi, mon Maître se tourne vers moi mais s’écroule en voulant s’approcher. Puis la voix d’Ace qui hurle à mes tympans ce que je savais déjà: le piège s’est refermé. Je me précipite au chevet de mon Maître, à genoux, rongé par l’anxiété sur son état. Il semble complètement amorphe. *Comme un mort* me dis-je platement. Maître Jinu arrive déjà à mes côtés pour procéder à un premier examen. Je le fixe, incapable de réagir. Les images de Jabiim reviennent me hanter avec force. Il faut l’électrochoc des mots du vieux Jaal pour que je me redresse comme sous l’effet d’un coup de fouet.

- Oui, dis-je d'abord faiblement, puis : Oui! cette fois-ci avec conviction.

Si Maître Hargonnen ne peut me guider, la Force elle le peut. Je dis alors à Ishtao :

- Il faut mettre la Kashi à l’abri, lui dis-je d'un ton impératif. La boisson, c’est ça qui a empoisonné Maître Hargonnen.

Je n’attend pas leur réaction, je suis déjà debout pour m’élancer vers le couloir par lequel Sino s’est éclipsé à l’issue de la réunion de réconciliation qui a échoué quelques minutes auparavant. Ma main s’est posée sur la poignée rassurante de mon sabre-laser et je me récite la litanie de l’Ordre Jedi pour chasser les doutes de Jabiim. Je franchis rapidement le cordon de sécurité tout en disant au commandant des clones :

- Ace, repositionnes l’escouade Sigma pour verrouiller les sorties du bâtiment. Si quelqu’un cherche à fuir, il faut le bloquer. Dis à Blitz de m’attendre, qu’il ne fasse rien sans que je ne sois là.

Je me précipite vers la chambre du Chef des rebelles Jaali. Tous les ingrédients sont assemblés pour que la marmite explose. Sans preuves concrètes, tous penseront à une tentative du pouvoir Jaali d’éteindre la voix des rebelles. Il faut que je trouve de quoi démentir cette théorie très vite, ou rapidement Sikeo et la planète entière s’embraseront.

Le visage d'Ishtao passe de la stupeur à la compréhension tandis que tu lui énonces ta simple révélation.

Sans même observer sa réaction tu t'élances dans la cohue agitée de la salle et rejoins aussi rapidement que possible le couloir gauche des suites des invités. Passant devant les gardes Jaalis occupés à maintenir la foule en ordre, ceux-ci te voient mais te laissent passer sans même t'arrêter.

La main sur la poignée de ton sabre, ton mantra mental rassurant est perturbé par la vague d'agitation de cette rumeur que tu peux sentir se propager comme une traînée de poudre de détonite dans le Palais.

Tu donnes tes ordres à Ace, qui te répond d'un laconique "Bien reçu, commandant" alors que tu arrives devant la chambre et assiste à une scène qui te fait tressaillir en confirmant tes craintes :
Une petite foule compacte s'est agglutinée devant la chambre autour de ce qui semble être un affrontement entre des partisans rebelles hurlant de rage et des gardes en armure bleue foncée du Palais qui ne semblent pas spécialement avares en coups de matraques électriques. Tu aperçois parmi eux l'armure noire caractéristique du Commandant Marek, le chef des Forces de Sécurité Spéciales de la Kashi que vous avez rencontré lors votre atterrissage sur la plateforme du Palais, et qui ne s'est pas caché pendant cette courte entrevue de son mépris pour les rebelles et ce qu'il pensait de cette "ridicule rencontre diplomatique".

Continuant de balayer rapidement la situation du regard, tu aperçois le Capitaine Blitz légèrement à l'écart de l'action, appuyé contre le mur à côté de la porte de ce qui doit être la chambre de Sino. Il t'observe fixement à travers son casque zébré d'éclairs noirs, les mains appuyées sur les crosses de ses blasters jumeaux, visiblement indécis sur la conduite à tenir, ou -une fois ne serait pas coutume- attendant patiemment tes ordres.

Les rebelles bien qu'un peu plus nombreux que les gardes, ne sont pas armés. Mais tu sens que la force de leur rage provoquée par la perte de leur chef semble donner du fil à retordre aux matraques des forces royales pourtant surentraînées. Un insurgé a même réussi à s'emparer d'une des matraques, et tu sens que cet "incident" pourrait rapidement tourner au massacre.

Et en observant cette foule de voyeurs de la Noblesse Jaali, l'analogie avec le public d'une arène de combat venue assister à une mise à mort te saute alors aux yeux...

Laissé libre de passer par les gardes Jaalis qui établissent un périmètre de sécurité dans la salle de réception, je m’engage dans le couloir des suites royales réservées aux invités de marque de la Kashi Luwa'na. Je ne prête aucune attention aux fenêtres de transpacier en forme d'arabesques délicates qui donnent sur la jungle dense et sauvage de Jaal. Un spectacle pourtant à nul autre pour celui qui sait y consacrer du temps. Mes pensées sont ailleurs, parasités par l’impression vivace que le cours des évènements m’échappe, car un autre que moi tient le sceptre du chef d’orchestre.  Comme toujours dans ce genre de situations, je suis obligé de repousser les fantômes de Jabiim qui viennent flirter avec ma conscience.

« Avoir l’esprit là où il est, à ce qu’il fait », l’une des leçons répétée à l’envie par Maître Yoda lors de ma formation au Temple de Coruscant. L’arrivée dans la suite du Représentant du PSJ confirme que je ferais mieux de mettre en application cet adage, et vite. Le salon autour duquel se sont agglutinés des Nobles démontre que la situation sociale n’est pas un marqueur de l’appétence des êtres pensants pour le goût du sang dans une arène. Tant que ce n’est pas le leur.

La tension entre les deux partis qui s’affrontent vibre dans l’air conditionné de la pièce. Désormais la moindre étincelle mettra le feu à un combat perdu d’avance par les sécessionnistes, et le carnage marquera les prémisses du bain de sang qui viendra souiller Jaal. Je peux le sentir, presque le voir par des flashs de prescience. D’un geste de la main, j’indique à Blitz de se tenir prêt à intervenir pour séparer les belligérants le cas échéant. Puis, je bondis dans l’arène. Je lève une main apaisante en direction des rebelles, puis m’adresse à tous mais fixe le commandant Marek :

- Cessez cette folie. Est-ce ainsi que la justice est rendue sur Jaal ? Par le châtiment avant que le jugement de la Kashi ne soit rendue sur une affaire de cette importance. Reprenez le contrôle de votre unité, Commandant Marek.

Je me tourne ensuite  vers les partisans de Sino :

- Et vous, je comprends votre colère, mais la croyez-vous digne de votre combat pour la justice? Je représente la République, et je vous apporte la garantie d’un jugement équitable sur cette affaire. Le coupable sera trouvé, et traduit en justice, quelles que soient son origine et ses convictions.

Je fais silence, vigilant à la moindre incartade pour y mettre un terme avant que la situation ne devienne incontrôlable. Si les deux partis retrouvent leur raison, je continue à me tenir entre eux, mais m’adresse sans me retourner au soldat clone de Sigma :

- Blitz, où se trouvent les deux « invitées » de Sino ? Et surtout que personne ne touche aux boissons ici et dans la chambre.

Sautant dans la mêlée tel le Padawan intrépide que tu es pour sauver la veuve et les orphelins, tes qualités d'Orateur d'Héritier du Duc Orphray s'interposent entre les deux camps de ce pugilat tout en comptant sur le soutien de Blitz si les choses venaient à dégénérer.

Les belligérants, surpris de ton intervention soudaine, s'immobilisent quelques secondes, tandis que le regard azuré de Marek et celui de ce qui semble être le second de Sino te toisent, l'un au travers du casque de son armure, l'autre d'un regard jaune presque serpentiforme. Le duel dure quelques secondes qui paraissent une éternité alors que vous vous affrontez du regard, sentant la présence explosive de tous les participants à ce début d'émeute.

D'un pincement de ses lèvres fines, Marek lève la main et les gardes baissent doucement leurs armes, restant sur le qui-vive. De son côté le Lieutenant des rebelles ne semble pas vouloir lâcher prise, et l'espace d'un instant tu as peur que tout ton beau discours ne se finisse en bain de sang...

Mais le canon d'un des blasters jumeaux du Capitaine de l'escouade Sigma se pose sur la tête du nouveau Chef des rebelles, tandis que son casque zébré d'éclairs noirs ne se penche un peu :
- Si j'étais toi, j'y réfléchirais à deux fois avant de menacer un Jedi, petit...

Le rebelle -plus grand que Blitz d'au moins de deux têtes- regarde l'inexpressivité du casque de Blitz, puis ses compagnons, avant de céder à cette menace appuyée en levant les bras en signe de paix.

Les autres font de même, et la situation semble atteindre ce que ton Maître appelle le "point fragile d'équilibre".

Ta question résonne alors comme un coup de semonce, et Blitz te répond en pointant son blaster vers la porte en or ouverte juste à côté de vous :
- C'est moche là-dedans. Allez jeter un coup d'oeil, je surveille ces Gentlemen...

Tu aperçois le salon richement décoré de la chambre de là où tu te trouves, et au fond la porte ouverte de la chambre et le lit sur lequel repose les cadavres de deux jeunes Jaali, et...Du sang.

Tu pénètres dans la pièce, l'arrière goût de la mort te chatouillant le palais et provoquant un frisson tandis que tu avances vers la chambre (2)



Tandis que tu t'avances dans la chambre non sans noter les quelques vêtements posés à la va vite sur le sol du salon, ton sang se glace lorsque tu embrasses la scène qui s'est jouée pendant que la réception battait encore son plein :
Les deux jeunes courtisanes nues sur le lit ont des yeux de sang révulsés, et il te faut tout ton sang-froid et les leçons de Maître Hargonnen pour que tu notes les veines noires qui courent tout le long de leur corps. Sans être un spécialiste en Médecine, tu es sûre que la couleur de leur veines à un rapport avec le sang qui a coulé de tous leurs orifices et semble les avoir fait exploser de l'intérieur comme des fruits mûrs.

Puis tu remarques le bassin traditionnel, qui a nettement moins de charme lorsque l'eau est couleur sang et abrite le cadavre flottant d'un chef rebelle dans le même état que les courtisanes. Ses yeux semblent être sortis de leurs orbites, et la couleur de l'eau dans le bassin t'indique qu'il a perdu autant de sang, voire plus que ses infortunées conquêtes. Il a sur le corps les mêmes marques de veines noires, mais nettement plus étendu.

Tentant de réprimer une vague envie de vomir, tu entends la voix d'Hargonnen comme celle d'un sergent instructeur : "Ne te laisses pas distraire par les horreurs que tu pourras voir. Concentres toi sur les solutions que tu peux apporter."

Tu te concentres alors sur la scène, puis ferme les yeux, laissant la Force te guider vers la solution de ce problème. Le Chef rebelle est mort, et si ton instinct ne te trompe pas, les marques sur son corps sont les stigmates d'un empoisonnement, sûrement le même que ton Maître. Mais contrairement à ton ainé qui est un Jedi doué d'une puissance de volonté hors norme, ces pauvres gens n'avaient aucune chance de survie.

Aucune trace de lutte. Il semble que Sino avait décidé plutôt d'une autre sorte de Pugilat, et s'est retrouvé empoisonné dans sa suite.

La question est : par qui ? La réponse la plus probable serait sûrement une coalition de Nobles, sûrement aidés par Marek, qui n'a pas l'air d'apprécier les rebelles, pour utiliser un euphémisme plein d'ironie.

Mais ton Maître t'as mis en garde un millier de fois sur le fait de tirer des conclusions trop hâtives lors d'une enquête.

Tu observes le plateau des boissons posé non loin de Sino. Les bouteilles semblent normales. Les humant pour être sûr, tu ne détectes aucune odeur suspecte. Mais tu as appris grâce à ton échange culturel avec les Jaali qu'il existe dans les jungles de cette planète luxuriante beaucoup de poisons dangereux, dont certains sont sûrement indétectables.

La voix de Blitz résonne depuis l'entrée :
- Ca va, Chef, vous trouvez quelque chose ? Sa voix est tendue, et tu sens au-delà de sa réplique un peu anodine et déplacée que son rôle de Gardien anti-émeute est en train d'atteindre ses limites. La foule s'agite, les hypothèses doivent fuser et la paranoia s'accroître. Tu peux sentir la vague qui se prépare encore dans l'Océan émeraude de Jaal.

Pourvu que ce ne soit pas un Tsunami qui menace. Pourtant quelque chose dans ton esprit te dit que tu manques un point important, sans que tu n'arrives à mettre le doigt dessus.

Je quitte l’atmosphère tendue du salon, sous la garde vigilante de Blitz, et pénètre dans la chambre pour y découvrir un calme terrible. L’odeur métallique du sang est la première à percuter mes sens. Vient la vision du lit avec les corps jadis magnifiques et à présent détruits de deux jeunes Jaalis. Puis le bassin traditionnel, où de petites vaguelettes rouge sang y roulent encore de la chute du chef rebelle dans ses eaux. Impossible de manquer les rainures noirâtres qui strient les corps, plus encore celui de Sino, entre deux haut-le-cœur. Il me faut un effort conséquent pour réprimer l’envie de fuir cet endroit, de ne pas regarder les stigmates de ce qui ressemble de plus en plus à un empoisonnement, et maintenir mon attention.

« La vérité est toujours sous tes yeux, il suffit d’adopter le regard adéquat pour la voir ». Un conseil de Maitre Quinlan Vos.

D’abord les faits avant l’interprétation. Les Jaalis ont été victimes d’un empoisonnement. Les stigmates des corps et l’absence de traces de lutte conduisent directement à cette conclusion sans appel. Impossible,  par contre, de déterminer par quel poison sans une autopsie des corps ou sans détenir le vecteur d’empoisonnement. Je m’approche des boissons qui reposent sur un plateau non loin du bassin. Sans les toucher, j’en hume le parfum qui ne dévoile aucun arôme autre que des effluves d’alcool. Là encore, les apparences peuvent être trompeuses.

Mon séjour sur cette planète , même court, m’a déjà enseigné que les jungles de Jaal regorgent de plantes capables de guérir mais aussi de tuer. Certaines indétectables. Si le poison est issu de Jaal, seul un natif pourrait se l’être procuré, ce qui pourrait constituer une piste à remonter. Et cela même si le commanditaire n’est pas forcément autochtone.

Je vais pour m’approcher de la fenêtre de la chambre quand la voix faussement légère de Blitz prend de mes nouvelles. Je le connais suffisamment pour savoir que cette tranquillité apparente masque en réalité la tension à laquelle il doit faire face. Les deux partis ne sont contenteront pas de simples explications, ou d’une mise en attente des avancées de l’enquête. Je dois les impliquer pour tempérer les ardeurs belliqueuses entre les deux clans. Aussi, je réponds d’un ton que je veux le plus calme possible au capitaine de l’escouade Sigma :

- Envoies-moi le Commandant Marek et le lieutenant des rebelles Jaali. Dis-leur de museler leurs troupes pendant leur absence.

En attendant que les deux adversaires ne me rejoignent, je m’approche de la fenêtre de la chambre, qui donne sur une petite cour intérieure commune à plusieurs chambres si j’en juge par les différentes fenêtres qui donnent dessus. Un excellent moyen d’amener le poison ici, mais je ne constate aucune trace d’infraction sur la fenêtre. Là encore, cette dernière aurait pu rester ouverte, de manière intentionnelle ou non, et laisser un passage à l’empoisonneur. Les caméras qui veillent sur la cour apporteront rapidement la réponse. A leur arrivée, je me tourne à l’arrivée des deux Jaalis.

- Merci à vous d’être venu. Je crois que nous serons plus efficaces si nous travaillons ensemble à la résolution de l’assassinat de Sino et de ces deux infortunées jeunes filles. Je pense pouvoir dire que ni l’un, ni l’autre, n’êtes à l’origine de ces meurtres. Ce qui ne  veut pas dire que vos hommes ne soient pas impliqués, à défaut d’un tierce coupable.

Je leur présente alors le résumé de mes découvertes et supputations, puis ajoute à l’intention de Marek :

- Commandant, il serait bon de vérifier les enregistrements des caméras, et d’avoir les noms des personnes ayant accès aux chambres qui donnent sur la cour. Je ne suis pas sûr que ce soit une piste fiable, mais nous serions de bien piètres enquêteurs sans l’explorer. Il nous faudrait aussi le nom des personnes ayant préparée la suite,  ou on eût accès directement à celle-ci. Il faut aussi effectuer une analyse le plus rapidement possible des bouteilles. C’est sans nulle doute la source de l’empoisonnement, si je m’en réfère à la tentative contre mon propre maître. Vos hommes savent quoi faire, mais qu’ils portent des gants, il n’est pas à exclure que le poison soit le contenant, et pas le contenu. J’ajoute plus doucement : Il faudrait également réaliser des analyses sur les trois victimes au plus vite.

Je me tourne ensuite vers le lieutenant des rebelles :

- Je crois comprendre qu’avec le décès de Sino, vous êtes à présent le leader des rebelles. Je ne doute pas que vous saurez vous comporter en tant que tel, car nous avons besoin de votre aide. Je jette un bref regard vers le lit. Ces deux malheureuses ne sont, j’imagine, pas arrivées ici par hasard… Il faudrait en savoir plus sur leur passé. Elles ont pu être complices de manière involontaire, ou même volontaire, si le commanditaire du meurtre avait un moyen de pression sur elles. Elles constituent là aussi une piste à suivre.

Nouvelle pause pour choisir mes mots avec soin, mais durant laquelle je ne laisse pas le temps aux deux camps le temps de poser des questions :

- Ce qu’il s’est passé ici est une tentative réussie de déstabiliser les négociations. Quelqu’un a tout intérêt à les voir échouer. Il nous faut comprendre pourquoi, et nous ne le comprendrons que lorsque nous aurons le commanditaire de ce meurtre. Pour vous garantir l’impartialité de chacun, je vous propose que chacun d’entre vous soit accompagné par un de mes hommes.

Si les deux Jaali se retirent, j’en profite pour contacter Ace :

- Du nouveau pour Maître Hargonnen ?

Je retourne ensuite dans le salon de la suite, avec la ferme intention de faire partir les curieux ainsi que les deux camps belligérants.

Tandis que tu commences ton monologue digne de ce que Maître Hargonnen aurait pu faire, les deux opposants t'écoutent attentivement, même si tu peux sentir que Marek réfléchit à bien d'autres choses que tes déductions et ta méthodologie d'enquête.

A ta dernière phrase, les yeux des deux adversaires se plissent d'un air soupçonneux. Le nouveau chef des rebelles t'observe une seconde, mais hausse finalement les épaules :
- Un impérialiste Républicain ou un impérialiste local qui nous surveille, aucune importance. Nous n'avons rien à cacher.
Le regard noir de Marek au nouveau chef rebelle ne t'échappe pas. Celui-ci pose ensuite un regard à peine moins noir sur toi :
- Mes hommes sont hors de cause, et votre proposition est insultante...
Après un autre regard intense pour appuyer son propos, il finit par répondre laconiquement à ta demande :
- Soit. Un de vos hommes peut m'accompagner, tant qu'il sait où est sa place.

Il jette un regard vers la chambre et s'avance vers la scène morbide, plisse les yeux, hésites un instant en te regardant, puis finit par ajouter :
- J'ai envoyé notre chef de la sécurité informatique vérifier les caméras. Pour l'instant il n'a rien trouvé. Et concernant ces bouteilles, je ne pense pas qu'une analyse toxicologique soit nécessaire. Ces veines noires sont caractéristiques. C'est la marque de la Kas'hil...

Un silence pesant s'installe tandis que le chef rebelle regarde Marek avec une expression mi-étonnée mi-dubitative. Il finit par lâcher d'une voix grondante :
- Comme c'est pratique...

Marek se tourne vers le leader avec une expression sèche et lui lâche une courte phrase en Jaali. La masque vert mesuré du leader des opposants se fendille tandis qu'il persifle lui aussi une courte phrase, et s'en suit un dialogue dans lequel tes rudiments basiques de cette langue ne te permettent que de comprendre Jungle, noir et quelques insultes bien senties composées de suffixes en rapport avec leurs ancienne castes respectives, prouvant que les efforts de la Kashi pour abolir les castes est encore bien loin d'être autre chose qu'une Loi théorique.

Pour finir le chef des rebelles, un certain "Mango" à ce que tu as noté dans leur échange, se tourne vers ta probable réprobation et incompréhension :
-La Kas'hil est une ancienne plante médicinale et initiatique qui ne pousse plus que dans l'ancienne Jungle Noire. Un territoire où sont censés s'être réfugiés les Jali'Sy, un groupe de résistants au régime impérial. Les impérialistes les considèrent comme des Terroristes...
- Ce qu'ils sont..., le coupe vivement Marek avec un mépris qui frise le fanatisme.
- Ça, c'est toi qui l'dis, boucher de Kemsi...
- Shar'lak ! (équivalent du "Sleemo" Hutt)

Tu stoppes les hostilités d'un geste, mais la tension demeure. Toutefois, le Commandant Marek tombe sur ton regard, et semblant s'apercevoir de son manquement à l'étiquette de la Noblesse Jaali reprend soudainement l'humeur mesurée et hautaine qui le caractérise, tournant simplement les talons :
- Envoyez moi votre homme. Quant à moi j'ai une véritable crise à gérer : trois morts, un quatrième dans un état critique, et toute une foule confinée et affolée de Nobles qui veut des réponses. Et une fois que je les aurais, vous aurez une démonstration de la "justice de jaal", comme vous dites. Contactez moi par communicateur si vous avez d'autres...Inspirations, Padawan Orphray..., finit-il encore plus sèchement avant que sa silhouette armurée ne quitte la pièce.

Le Chef des rebelles lui reste là, t'observant d'un regard bleu azur contrastant avec l'aspect inquiétant de ce colosse. Il finit par lâcher d'une voix grave en désignant de la tête la porte que vient de franchir Marek :
-Je t'apprends peut-être rien, Jedi, mais ce Jaal est un fanatique de la Noblesse qui a perpétré plus d'un massacre de notre peuple. Et avec le sourire, à ce qui s'raconte...Dit-il en continuant de te dévisager avec insistance : T'as sûrement l'impression de comprendre ce conflit. Mais c'est pas l'cas. Alors si je peux te donner un conseil,  jeune Jedi, c'est de surveiller ce Jaal de près...

Sans même attendre une réponse, il tourne lui aussi les talons, te laissant seul dans la suite.

Tu contactes alors Ace, lui demandant des nouvelles de ton Maître. Ton subalterne te répond d'un ton où transparait une certaine inquiétude :
- Il est stable d'après le Maître Jinu. Il pense connaître le poison employé, une plante appelée Kas'hil...Ca veut dire racine noire, il paraît. Par contre il dit qu'il n'y a qu'un remède possible et qu'il faut aller le chercher dans une Jungle au Sud...

C'est ce moment que choisit Marek pour reparaître, un air grave transparaissant sous sa visière :
- Nous avons un problème. Prenez votre épée laser, et suivez moi. Vite.

Lui emboîtant (probablement) le pas et te laissant le temps de passer un court appel, tu peux clairement la sourde angoisse qui étreint le Commandant alors qu'il continue de parcourir les coursives du Palais à grand pas, suivi d'un groupe hétéroclite composé à la fois de soldats et du Chef des rebelles :
- Le Chef de la sécurité informatique ne répond plus, ni aucun des hommes de la maintenance dans la salle de contrôle du Palais. La porte s'est soudainement fermée, et les gardes en poste ont entendu des bruits de blasters. Depuis, silence total. Nous ne savons rien de ce qu'il se passe, et la caméra de la salle est coupée...

Vous passez dans un dédale de couloirs que tu ne connaissais pas, avant de prendre rapidement un des élévateurs qui vous amène dans les étages centraux du Palais volant. Partout les personnes que tu croises ont un air inquiet, se posant toutes et tous des questions sur ce qui se passe pendant ce qui devait être un sommet annonçant la Paix.

Vous arrivez alors au bout d'un couloir où deux gardes son postés. L'un semble essayer de forcer le panneau de contrôle de la porte tandis que l'autre intime l'ordre aux occupants de sortir à travers une porte massive et excessivement blindée. Lorsqu'ils voient arriver leur Commandant, les Soldats se mettent au garde à vous :
- Personne ne répond, Commandant. Cela fait maintenant cinq minutes que nous n'avons plus aucun contact, et la porte est fermée et sécurisée. Nous n'avons pas réussi à forcer la porte. Aucune autre personne que les techniciens de maintenance et le Lieutenant Rylek ne sont rentrés dans la salle. On ne sait pas s'ils sont en vie ou morts, le communicateur de la porte est grillé. Le Lieutenant est entré il y a dix minutes pour regarder les images des caméras de contrôle comme vous l'aviez ordonné. Cinq techniciens dont le chef de la sécurité du Palais l'ont aidé à vérifier la sécurité du Palais. Il y a cinq minutes la porte a enclenché le protocole de sécurité d'urgence, et on a entendu des coups de blasters et une courte explosion. Depuis, plus rien.

Alors qu'il finit sa phrase, tu entends un gros bruit qui a l'air de venir des étages inférieurs, et tu sens une grosse secousse qui manque de vous faire tomber.

Le Général devient bleu et son masque d'étiquette se fendille :
- Les Shar'laks, ils nous ont enfermés et ils font décoller le Palais...

Tu frémis. Le Palais flottant de Sikeo est un havre de luxe et de confort, mais aussi une sorte de station orbitale que la Kashi peut utiliser pour se mettre en sécurité dans le cas d'un conflit armé sur Jaal.

Tu trouvais cette paranoïa des Prédécesseurs de la Kashi assez inquiétante vu le contexte, mais maintenant que tu sais que vous êtes dans une prison de métal en train de décoller, tu maudis l'inventeur de ce Palais.

Marek se tourne vers un de ces deux gardes et lui prend deux charges d'explosifs qu'il colle sur la porte :
- Éloignez vous...
Tout le monde s'éloigne, puis les charges explosent dans un nuages de fumée qui se dissipe rapidement, vous laissant voir la surface de la porte à peine entamée.
Un des gardes prends la parole :
- Monsieur, la salle de Contrôle est spécialement équipée pour...
- Je sais..., le coupe Marek, dont la manœuvre était donc visiblement désespérée. Il tourne la tête vers toi :
- Si vous avez une idée, Padawan, il est temps de nous en faire part. La sécurité du Palais est compromise, et nous sommes enfermés dans une boîte de métal qui va atteindre l'espace orbital d'ici trois minutes...

Mais alors que tu penses être déjà au bout d'une situation compliquée, une voix masculine et grave s'élève dans la coursive :
- Bonjour, Chers passagers du Palais volant de Sikeo. Mettez-vous à l'aise et préparez vous à être abordés par l'équipage du célèbre Capitaine Jed Astra...

Jed Astra. Tu te souviens en avoir entendu parler lors de ta précédente affectation. Un Pirate de la bordure extérieure.

Mais pourquoi un pirate détournerait-il le Palais Royal de Jaal ?

Mes arguments ne semblent que peu avoir apaisé les deux Jaali, qui au contraire de mon intention, prennent ma proposition de leur adjoindre l’un de mes hommes comme une volonté de tout régenter au lieu de la garantie d’une forme d’objectivité pour chacun des partis. Une révélation fait jour dans mon esprit : Est-ce ainsi qu’est perçue la République dans la galaxie ? Une puissance colonisatrice, au lieu d’un système garantissant la paix et la sécurité dans l’étendue de son périmètre ? Je n’en laisse rien paraître, mais cette idée est une forme de choc pour moi. Ma proposition finit par être approuvée à défaut d’être acceptée. Une maigre victoire.

Lorsque le sujet du poison est abordé, la discussion s’envenime rapidement entre Marek et Mango. Je n’ai d’autres choix que de les laisser achever leurs affrontement verbal en langue avant d’avoir le fin mot de celui-ci. La Kash’il, une plante médicinale issue de la jungle noire. Précisément l’endroit où sont sensés se dissimuler les rebelles. Je tente de calmer les ardeurs des deux opposants, mais Marek tourne les talons et me plante ici en compagnie du chef des rebelles. Ce dernier fait preuve d’un peu plus de courtoisie, mais lorsqu’il s’apprête également à me fausser compagnie, je l’intercepte :

- Attendez Mango ! Au-delà des allusions du Commandant Marek, vous confirmez que les symptômes ressemblent à ceux de l’utilisation de la Kash’il ? Est-ce qu’une surconsommation de cette plante médicinale peut entraîner pareil empoisonnement ? Est-ce inodore, et comment est-ce consommé ? Cela pourrait m’aider d’avoir ces informations par un canal différent de Marek.

S’il prend le temps de répondre, je l’en remercie, puis prends des nouvelles de mon Maître auprès d’Ace. La encore, la Kash’il est désignée comme la coupable, ce qui confirmerait la thèse de Marek pour le décès du leader des Rebelles. A ma propre surprise, ce dernier réapparaît alors, mais moins dans la fanfaronnade, et son expérience ne parvient pas tout à fait à masquer son inquiétude.

- Que se passe-t-il? Demandais-je alors que je me lance à sa suite.

Ses explications accréditent mon pressentiment initial, les évènements qui viennent de se produire ressemblent fortement à une diversion, un écran de fumée habile pour masquer le véritable but de ceux qui ont mis en place ce qui ressemble de plus en plus à un coup d’état.

- La Reine est-elle en sécurité? Dis-je avec empressement, alors que nous arrivons aux portes d’accès de la salle de contrôle.

J’assiste ensuite au rapport des deux soldats de Marek, avant que le palais ne s’ébroue, signe du décollage vers l’espace de ce dernier. Avant que je puisse faire quoi que ce soit, Marek, livide, tente de faire exploser la porte blindée qui, sans surprise, résiste aux charges. Voyant l’attitude de Marek s’effondrer, je prends le lead. Je saisis mon comlink :

- Ace, réorganise l’escouade Sigma avec pour priorité numéro 1 la protection de la Kashi. Personne ne doit rentrer ou sortir de sa suite.

C’est alors que l’étrange annonce résonne dans les couloirs. Un assaut d’un pirate ? Tout ça pour ça ? Puis, presque aussi rapidement. Tout cela n’est pas fait pour détrousser quelques nobliauds Jaali. Je doute que rançonner la Reine soit suffisamment valable pour organiser pareil plan. Non, il y a quelque chose à bord que veut le Pirate.

Je me tourne vers Marek et ses hommes :

- Poussez-vous de là. Je dégaine ma lame et pousse sur mes deux bras pour l’enfoncer dans la porte avec la volonté manifeste d’y tracer un cercle nous permettant d’accéder à la salle de contrôle.

Transpirant sous l’effort, je demande à Marek :

- En dehors de la Kashi, qu’y -t-il de plus précieux à bord de ce palais que pourrait convoiter un Pirate ?

Mango tourne son énorme tête verte aux appendices colorées de violet vers toi, plantant ses yeux bleus translucides dans les tiens :
- Tu as l'air correct, pour un colon...Dit-il en s'approchant de toi, te dominant d'au moins deux têtes. Te collant presque maintenant, il penche la tête sur le côté en te dévisageant : Y a un truc dans ton regard...
Tu sens qu'il t'évalue, et tu peux sentir derrière le calme glacé de ses yeux le feu de la rébellion. Le même feu qui couvait dans les yeux des soldats de Jabiim avant que la guerre n'éclate. Il finit par lâcher avec une haleine légèrement épicée :
- Oui, c'est le Kash'il qui a tué Sino. Et oui, ça peut devenir un poison invisible si on en avale plus que la dose qu'utilisait les anciens...Il marque une légère pause en te jaugeant, s'écartant légèrement pour se pencher encore et te chuchoter à l'oreille : Je te l'ai dit, jeune humain. Tu ne sais rien de ce qu'il se passe ici. Mais si tu es curieux, demandes donc à ce Marek ce qu'ils mettaient dans leur projet de drogue de combat pour vos clones...Ils ont dit qu'ils venaient libérer la jungle noire du fanatisme des tribus Jan'tans qui vivaient encore dans les anciennes traditions. Mais tout le monde sait qu'ils ne venaient pas pour libérer. Ils venaient pour piller. Et je te laisse deviner combien de temps c'est arrivé avant le projet de cette drogue de combat...Evidemment, ils nient. Mais on sait bien qu'ils mentent plus que des Sénateurs de Coruscant...

Tu as effectivement entendu parlé de cette drogue de combat. La guerre est rude, et la République cherche des moyens de donner un avantage à son armée. Cette drogue a été envisagée, mais suite à un débat long et houleux, le projet proposé par des ingénieur Jaali et humains a été abandonné. Ton Maître n'y est d'ailleurs pas étranger, négociant -entre autre choses- l'arrêt des tests de cette drogue qui semblait avoir des effets dangereux que les corporations impliquées avaient voulu dissimuler.

Il finit par se retourner et quitte la pièce, non sans finir son petit laius rebelle :
- Demandes donc à tes amis impérialistes. Et si tu es vraiment ce que tu prétends, tu sentiras leurs mensonges...

----------------------

Au moment où tu demandes si la Reine est en sécurité, Marek lève légèrement un sourcil invisible :
- Bien sûr qu'elle est en sécurité. Sa chambre est un vrai coffre fort, rien que sa porte est encore plus solide que celle-ci, dit-il en te montrant la porte en face de vous.

Tandis que tu reprends le Lead en contactant Ace, tu reçois une réponse quelques secondes plus tard :
- Affirmatif Commandant, j'suis déjà dessus...Oh merde...Bon sang qu'est-ce que tu..., tu entends des bruits en fond. Des tirs ? ...Commandant, c'est une muti...Frrrrzzzzzzzzzzzzz.....

Plus rien. Apparemment, les communications ont été coupées, remplacées par la communication de Jed Astra.

Tu dégaines ton sabre, qui s'enfonce dans la porte. La chaleur dégagée te fait presque instantanément transpirer, malgré ton entraînement.

Marek réfléchit quelques secondes à ta demande sur ce qui pourrait être plus précieux que sa Reine dans ce Palais volant, avant de répondre d'un air sombre :
- Rien qui ne pourrait intéresser un Pirate...A part toute la noblesse Jaal regroupée aujourd'hui dans le Palais...Ca n'était plus arrivé depuis une dizaine d'année...Bon sang, mais que croyez vous faire ? Cette porte est...

L'énorme morceau circulaire finit par tomber dans un bruit fraccassant, expulsant des étincelles du métal encore en fusion. Marek et les gardes regardes la porte et toi avec un air ébahi.

Tu te focalises toi sur l'intérieur de la pièce : un véritable QG technique. Tu observes la scène des cadavres sur le sol. Cinq techniciens morts criblés de coups de blasters. Et celui qui est sûrement le Lieutenant, un trou dans la tête. Même si l'enquête n'est pas ta spécialité, tu peux déduire ce qu'il s'est passé ici : Le Lieutenant a tué tous ces techniciens, s'est enfermé ici, sûrement pour permettre aux pirates de prendre le contrôle du Palais, et s'est semble-t-il donné la mort, à moins qu'un des techniciens n'ait eu un sursaut d'héroisme, mais aucun indice ne l'indique.

Marek a un sursaut de colère :
- Ce traître...Ils ont accès a tout..., il regarde les panneaux de contrôle : l'un de vous s'y connait en informatique ?
Les deux soldats secouent la tête par la négative. Et tu n'es pas non plus un expert en technique informatique, malgré tes bases acquises à l'Académie, et qui ne sont que des bases.

Tu entends au même moment un autre bruit sourd et sens une autre secousse. Mais celle-ci est extérieure. Ton intuition te souffle que quelque chose vient d'entrechoquer le Palais. Probablement un ou plusieurs vaisseaux qui se sont arrimés. De toute évidence, les pirates ont accroché l'énorme Palais d'une façon ou d'une autre. Ce qui indique autre chose : vous êtes maintenant probablement piégés.